L'Analyse Transactionnelle

Introduction à l'Analyse Transactionnelle

Les Etats du Moi :

L’analyse transactionnelle est une méthode qui permet de mieux comprendre les mécanismes des échanges entre individus. Elle a été mise au point par un psychanalyste, Eric Berne, qui voulait simplifier le vocabulaire de la psychanalyse et le rendre accessible à tous.

Dans cette méthode on estime que notre personnalité est composée de trois états, appelés les états du Moi.

  • P pour Parent
  • A pour Adulte
  • E pour Enfant

Dans nos échanges avec les autres nous commençons forcément dans l’un de ces trois états et nous pouvons en changer au cours de la discussion. Ce n’est pas une question d’âge, on peut avoir 70 ans et être dans l’état ENFANT.

Notre interlocuteur occupera lui aussi l’un de ces trois états comme le montre le schéma suivant.

                                                                  Moi                      L’autre

                                                                    P                          P

                                                                    A                          A

                                                                    E                          E

L'état PARENT correspond à tout ce qui est de l'ordre de l'appris : les valeurs, les normes, les principes, les règles. Je suis dans cet état quand je rappelle les règles à suivre.

L’état ADULTE correspond à tout ce qui est de l'ordre du réfléchi, de ce qui permet de faire la part des choses : la logique, la recherche d'information, la prévision, l’évaluation. Je suis dans cet état quand je pose des questions, quand je cherche une solution à un problème.

L’état ENFANT correspond à tout ce qui est de l'ordre du ressenti : l’énergie vitale, les émotions, l'affectif, les envies, la créativité. Je suis dans cet état quand je montre ma peur, ma frustration, mes envies.

Une transaction interpersonnelle repose sur un échange entre deux états du moi, le mien et celui de mon interlocuteur, sachant que celui qui parle le fait dans un état donné et s’adresse à un état précis de l’autre. 

Exemples :

X fait un reproche à Y.

X est dans l’état PARENT et il s’adresse à l’état ENFANT de Y en lui signalant un manquement à une règle.

La transaction est sur le mode : P → E

X raconte une blague à Y.

X est dans l’état ENFANT et il s’adresse à l’état ENFANT de Y en cherchant à le faire rire.

La transaction est sur le mode : E → E

X pose une question professionnelle à Y.

X est dans l’état ADULTE et il s’adresse à l’état ADULTE de Y en lui demandant des renseignements dans le cadre de son travail.

La transaction est sur le mode : A → A

Les combinaisons son nombreuses et ne dépendent pas de l’âge des interlocuteurs.

Un adulte peut s’adresser à un enfant en étant lui-même dans l’état ENFANT.

Un enfant peut être dans l'état PARENT avec sa poupée par exemple.

L'état ENFANT :

Il se décompose en plusieurs parties distinctes :

L’ENFANT LIBRE : il correspond  à ce qui est de l'ordre de l'expression du ressenti, quand on fait une blague, c'est l’enfant libre qui s'exprime.

L’ARTISTE : c'est la dimension imagination, création, on ne se freine pas, on laisse ses pulsions créatrices s'exprimer, l’état PARENT ne nous bride pas.

Il y a également la partie qui réagit à l'éducation, avec un état négatif et un autre positif.

L’état négatif s’appelle ENFANT REBELLE avec un état + et un état – définis comme suit.

L’ENFANT REBELLE + : être dans cet état signifie qu’on affirme sa personnalité, on n’accepte pas tout, on se défend. L’ENFANT REBELLE + n’est pas agressif envers les autres.

L’ENFANT REBELLE - : cet état correspond à une attitude d’opposition systématique, au caprice, au pire au non respect de toutes les règles, à la délinquance. L’ENFANT REBELLE – peut se montrer agressif envers les autres.

L’état positif s’appelle ENFANT SAGE avec là aussi un état + et un état – définis comme suit.

L’ENFANT SAGE + : C'est l'enfant adapté, bien socialisé, qui respecte les règles et qui comprend qu'il a des choses à apprendre pour s'intégrer. Il ne vit pas dans la peur de l’autorité.

L’ENFANT SAGE - : C'est l'enfant soumis, trop sage, trop dépendant. Il vit dans la peur de l’autorité.

L'état PARENT :

Il  se décompose en deux parties, l'état PARENT NORMATIF et l'état PARENT NOURRICIER avec à chaque fois un état + et un état -.

On considère en gros que le PARENT NORMATIF correspond à l'autorité et que le PARENT NOURRICIER correspond à la tendresse.

Le PARENT NORMATIF + : c'est celui qui explique les règles du jeu, de la vie en général, il dira : « Ça c'est bien, ça c'est pas bien ». On l’appelle le PARENT PROTECTEUR. Il récompense, il sanctionne également mais il essaie de le faire bien.

Le PARENT NORMATIF - : il est autoritaire, il fait de l'abus de pouvoir, c'est le « réac », il dévalorise tout ce qu'on fait, il est arbitraire, il peut être violent. On l’appelle également le PARENT PERSECUTEUR ou le PARENT FLIC.

Encore une fois, ce n’est pas une question d’âge ni de relation réelle de parent à enfant.

Le PARENT NOURRICIER + : c'est celui qui conseille, qui soutient, qui console, qui donne les permissions. On l’appelle PARENT PERMISSIF.

Le PARENT NOURRICIER - : c’est celui qui exagère, qui surprotège, qui couve, et qui finit par étouffer. On l’appelle PARENT SAUVETEUR.

L'état ADULTE :

Cet état est celui du réfléchi, c'est un état neutre. On ne juge pas, on ne râle pas, on cherche à comprendre et à résoudre des situations.

Dans cet état on va faire appel à la logique, on va recueillir des informations, on va négocier calmement avec l'autre.

Il  se décompose en deux parties, l'état ADULTE + et l’état ADULTE - .

L'ADULTE + : c'est le plus objectif, le plus mature.

L’ADULTE - : c'est quand on veut trop rationaliser, quand le recueil d'informations prend trop d'importance et quand cela peut devenir un frein à la résolution des problèmes.

Analyse Transactionnelle et Psychanalyse :

On peut faire un parallèle avec la notion de « SURMOI », « MOI » et « ça » de la psychanalyse.

Le SURMOI correspond à la société, aux interdits, aux règles. Il équivaut à l’état PARENT.

Le ÇA correspond aux pulsions, aux émotions, à l'inconscient profond. Il équivaut à l’état ENFANT.

Et entre les deux il y a le Moi, la raison. Il équivaut donc à l’état ADULTE.

Le SURMOI est en quelque sorte le couvercle qui comprime le ça. Il cherche à bloquer ou freiner ses pulsions. Si la pression est trop forte, cela peut aboutir à la névrose.

Le MOI se trouve entre les deux, il vit les conflits entre le SURMOI et le ça. Son rôle est de trouver des solutions pour éviter la souffrance et faire cohabiter les deux autres états  dans l'harmonie.

Dialogue intérieur :

On peut passer par les états du moi sans pour autant dialoguer avec une autre personne.

Exemple :

X est professeur et il se trouve dans son amphi devant ses étudiants.

A un moment donné il a un petit creux et ressent une forte envie de manger le sandwich qu’il a emmené de chez lui et qui se trouve dans son cartable à portée de main. C’est l’état ENFANT qui s’exprime, l'envie.

Mais il regarde ses étudiants. Bien sûr il est probable qu’aucun ne protesterait s’il mordait dans son sandwich tout en donnant son cours. Mais X s’y refuse, on ne mange pas pendant le cours, cela ne se fait pas, ce serait un très mauvais exemple à donner à ses étudiants. C’est bien sûr l’état PARENT qui s’exprime, le rappel des règles.

Puis X cherche l’horloge murale du regard et constate qu’il ne reste que 10 minutes avant la fin du cours. Il se dit qu’il peut attendre. C’est l’état ADULTE qui a pris la relève. Il a recherché une information, l’heure, évalué la situation, faible temps d’attente, et donc trouvé une solution pour calmer son ENFANT compte tenu du PARENT.

Comme on peut le voir, en 10 secondes on peut passer par tous les états du moi.

Les différents types d'échanges :

Les échanges parallèles :

Les deux interlocuteurs sont dans le même état du moi.

X et Y parlent de Z :

X dit : « Z n’aurait jamais dû faire cet excès de vitesse ! »

Y répond : « Tu as raison, c’est dangereux et il a perdu des points sur son permis »

X et Y critiquent donc Z en faisant un rappel aux règles. C’est un échange parallèle de type : P à P

X et Y échangent des informations :

X demande : « A quelle heure a lieu la réunion ? »

Y répond : « A 16 heures »

C’est un échange parallèle de type : A à A

X raconte une blague à Y :

X raconte sa blague.

Y se met à rire.

C’est un échange parallèle de type : E à E

Les échanges parallèles complémentaires :

La réponse suit le même canal que la question.

X fait un reproche à Y :

X dit : « Le RDV était à 10 heures, vous avez une heure de retard ! »

Y répond : « Je sais, je suis désolé ! »

C’est un échange parallèle complémentaire de type : P à E

Y accepte sa faute, il répond dans l’état du moi auquel s’est adressé X. Chacun reste dans son rôle.

Les échanges croisés :

Ce sont ces échanges qui posent problème.

X fait un reproche à Y :

X dit : « Où as-tu mis le dossier ? Je parie que tu l'as encore perdu ! »

Y répond : « Eh oh! C'est toi qui dis ça ? Tu ne retrouves jamais rien! »

X s’adresse à Y sur le mode : P → E

Y lui répond également sur le mode : P → E

Les flèches se croisent, d’où conflit.

Il y a plus de 600 combinaisons en tout.

Analyse Transactionnelle et monde du travail :

Examinons la hiérarchie existant dans le monde du travail :

Il y a ceux qui sont au-dessus de nous : le patron, le chef de service, ils sont en situation de nous juger, de nous donner des ordres, de nous sanctionner.

  • Il y a ceux qui sont au même niveau : les collègues de travail, tous ceux avec lesquels les échanges se font d'égal à égal.
  • Il y a ceux qui sont en dessous de nous : les subordonnés si on a une responsabilité, les fournisseurs, mais aussi par exemple les collègues de même niveau mais plus jeunes et à qui on peut demander de faire un travail donné et que l'on peut contrôler ensuite.

On retrouve bien entendu les états du moi dans cette énumération.

Les difficultés que l’on rencontre en entreprise ne sont pas forcément liées aux tâches elles-mêmes, elles peuvent être la conséquence de relations difficiles avec les autres : patron, collègues, subordonnés.

Elles sont dues souvent à des malentendus, au ton des échanges, au manque de diplomatie, aux désaccords sur le travail à faire, par qui, comment etc..

C'est la cause de la plupart des départs. On peut dire que très souvent on ne quitte pas une entreprise mais un patron, on pourrait dire que dans certains cas ce sont les collègues qui provoquent la rupture.

Une vie harmonieuse dans une entreprise dépend donc, au-delà des compétences professionnelles, de la qualité des échanges que l’on a avec les autres. L’analyse transactionnelle nous permet de bien comprendre la nature de ces échanges et d’être donc en mesure d’éviter ou d’atténuer toutes les situations de conflit.

Silvain Rossini

Bilan et projet de vie

www.bilanetprojet.com

Retour à l’accueil